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24 novembre 2005

Qui a dit... ?

mercredi 23 novembre 2005

La révolte des banlieues a suscité beaucoup de commentaires. Dont ceux-ci :

« En France, on voudrait bien réduire les émeutes à leur niveau social. Voir en elles une révolte de jeunes de banlieues contre leur situation, la discrimination dont ils souffrent et contre le chômage. Le problème est que la plupart de ces jeunes sont noirs ou arabes et s’identifient à l’islam. Il y a en effet en France d’autres immigrants en situation difficile, chinois, vietnamiens, portugais, et ils ne participent pas aux émeutes. Il est donc clair qu’il s’agit d’une révolte à caractère ethnico-religieux. »

(…)

« On nous dit que l’équipe de France est adorée par tous parce qu’elle est “black blanc beur”, en fait aujourd’hui elle est “black black black”, ce qui fait ricaner toute l’Europe. Si on fait une telle remarque en France, on va en prison, mais c’est quand même intéressant que l’équipe de France de football soit composée presque uniquement de joueurs noirs. »

(…)

« Il y a aussi les paroles des chansons de rap, des paroles très préoccuppantes, de véritables appels à la révolte, je crois qu’il y en a un, il s’appelle docteur R., qui chante “Je pisse sur la France je pisse sur de Gaulle”, etc. Ce sont des déclarations très violentes de haine de la France. Toute cette haine et cette violence s’expriment maintenant dans les émeutes. Y voir une réponse au racisme français, c’est être aveugle à une haine plus large : la haine de l’Occident qui est responsable de tous les crimes. »

(…)

« Moi, je n’ai pas parlé d’Intifada des banlieues, et je ne pense pas qu’il faille utiliser ce terme. J’ai pourtant découvert qu’eux aussi envoyaient en première ligne de la lutte les plus jeunes, et vous en Israël vous connaissez ça : on envoie devant les plus jeunes parce qu’on ne peut pas les mettre en prison lorsqu’ils sont arrêtés. Quoi qu’il en soit, ici, il n’y a pas d’attentats et on se trouve à une autre étape : je pense qu’il s’agit de l’étape du pogrom anti-républicain. Il y a des gens en France qui haïssent la France comme République. »

(…)

« On change l’enseignement de l’histoire coloniale et de l’histoire de l’esclavage dans les écoles. On y enseigne aujourd’hui l’histoire coloniale comme une histoire uniquement négative. On n’enseigne plus que le projet colonial voulait aussi éduquer, apporter la civilisation aux sauvages. On ne parle que des tentatives d’exploitation, de domination et de pillage. Mais en fait qu’est-ce que veut Dieudonné ? Il exige une Shoah et pour les Arabes et pour les Noirs. Mais, si l’on met la Shoah et l’esclavage sur le même plan, alors on est obligé de mentir, car ce n’était pas une Shoah. Et ce n’était pas un crime contre l’humanité parce que ce n’était pas seulement un crime. C’était quelque chose d’ambivalent. »

(…)

« On les a traités comme des révoltés, comme des révolutionnaires. C’est la pire des choses qui pouvaient arriver à mon pays et je suis très malheureux. Pourquoi ? Parce que le seul moyen de surmonter c’est de les obliger à avoir honte. La honte, c’est le début de la morale. Mais au lieu de les pousser à avoir honte, on leur a donné une légitimité : ils sont “intéressants”. Ils sont “les damnés de la terre”. Imaginez un instant qu’ils soient blancs comme à Rostock en Allemagne ; on dirait immédiatement : le fascisme ne passera pas. Un Arabe qui incendie une école, c’est une révolte ; un Blanc, c’est du fascisme. Je suis daltonien : le mal est le mal, peu importe sa couleur. »

(…)

« Moi, on m’a envoyé à l’école pour apprendre. La culture et l’éducation ont une justification en elles-mêmes. Tu vas à l’école pour apprendre, c’est ça, le but de l’école. Et ces gens qui détruisent des écoles, que disent-ils en fait ? Leur message n’est pas un appel à l’aide ou une exigence de plus d’écoles ou de meilleures écoles, c’est la volonté de liquider les intermédiaires entre eux et les objets de leurs désirs. Et quels sont les objets de leurs désirs ? C’est simple : l’argent, les marques et parfois des filles. »

(…)

« Imaginez que vous gérez (…) un restaurant, que vous êtes antiracistes, vous pensez que tous les hommes sont égaux, et en plus, vous êtes juifs, c’est-à-dire que pour vous, parler d’inégalité entre les race pose problème, et imaginez qu’un jeune des banlieues vienne demander un emploi de serveur, il a l’accent des banlieues, vous ne l’engagerez pas, c’est très simple. Vous ne l’engagerez pas parce que c’est impossible. Il doit vous représenter, et ceci exige de la discipline, de la politesse et une manière de parler. »

(…)

« Je pense que l’idée généreuse de guerre contre le racisme se transforme petit à petit monstrueusement en une idéologie mensongère. L’antiracisme sera au vingt et unième siècle ce qu’a été le communisme au vingtième. »

(…)

« Mais s’ils ont une carte d’identité française, ils sont français et, s’ils n’en ont pas, ils ont le droit de s’en aller. Ils disent : “Je ne suis pas français, je vis en France, et en plus ma situation économique est difficile.” Personne ne les retient de force ici, et c’est précisément là que se trouve le début du mensonge. Parce que s’ils étaient victimes de l’exclusion et de la pauvreté, ils iraient ailleurs. Mais ils savent très bien que partout ailleurs, et en particulier dans les pays d’où ils viennent, leur situation serait encore plus difficile pour tout ce qui concerne leurs droits et leurs chances. »

(…)

De qui sont ces propos ? De Jean-Marie Le Pen ? De Bruno Mégret ? Non : d’Alain Finkielkraut, dans un entretien au quotidien israélien Haaretz publié le 18 novembre 2005 (lire la version intégrale en anglais). Et les journalistes qui ont réalisé l’interview jugent utile de préciser que ces déclarations « n’émanent pourtant pas d’un membre du Front national, mais de la bouche d’un philosophe qu’on considérait autrefois comme l’un des porte-parole de la gauche française, et l’un des philosophes qui ont mûri dans la révolte des étudiants de mai 68 »

Voir aussi sur Action Critique Médias (Acrimed) : « Les prédications d’Alain Finkielkraut : "Mon savoir absolu sur les quartiers populaires" »

http://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2005-11-23-Qui-a-dit

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Commentaires
A
avez vous un adresse de mail personnelle dans la quelle il nous serait opssible de conversez et non pas à travers des commentaires laissés sur mon blog ...
M
Hum... Le "ce qui fait ricaner toute l’Europe" est ce qui fait la différence... Finkielkraut a bien dit ce qu'il a dit, ce qui n'a rien de raciste! Il n'a pas dit : "ca craint l'equipe de france est blackblackblack toujours black trop de black" mais il a dit "malgré le fait qu'on clame sans cesse l'aspect multiculturel black blanc beur de la france, il s'avère que la vérité serait plutôt d'admettre qu'elle est plus black black black qu'autre chose, en toute objectivité et sans aucune connotation péjorative soit il"<br /> <br /> Voila, c'est juste pour signaler qu'on ne doit pas avoir la même grille de lecture de la grammaire française, de la sémantique et de tout le reste... Question de culture, ou d'apriori...?<br /> <br /> Quand au caractère ethno-religieux des émeutes, toujours en toute objectivité, ca ne fait aucun doute! je ne vois pas ce qu'il y a de choquant! Sincèrement débarrassez vous de vos aprioris un instant et relisez tous les écrit sus cités, franchement, il n'expriment ni racisme ni fascisme ni intégisme qu'il soit!<br /> <br /> Je n'arive pas a vous comprendre; à mon -humble - avis, vous êtes victime d'un surtrop de pensée unique qui à envahi votre cerveau
M
Le MRAP a lâchement laissé tomber les poursuites contre l'ignoble "intellectuel" français, suite à ses excuses de circonstance.<br /> Mais des organisations (dont certaines pro-palestiniennes) ont décidé de poursuivre, même si ça coûte du temps et de l'argent. Au moins pour montrer que dans ce pays, on ne se laisse pas encore complètement museler par les sionistes et le lobby pro-israélien. A suivre...
L
Pourquoi ne vous reconnaissez-vous pas dans le compte rendu qu'a fait Le Monde de vos propos parus dans le journal israélien Haaretz, lequel les a comparés à ceux d'"un militant du Front national" ?<br /> <br /> Le personnage que désigne cet article m'inspire du mépris, et même du dégoût. Je ne suis pas ce frontiste excité nostalgique de l'épopée coloniale. J'essaie seulement de déchirer le rideau des discours convenus sur les événements actuels. Lui, c'est lui, et moi c'est moi. A ma grande stupeur, depuis mercredi, nous portons le même nom.<br /> <br /> Ce qui m'inquiète, c'est la désafiliation nationale. Je dis donc effectivement que lorsque certains jeunes émeutiers évoquent entre eux "les Français", nous sommes perdus. J'ajoute que certains juifs aussi succombent à cette tentation. Je leur réponds : "Si votre présence ici ne relève que de l'utilité, soyez honnêtes avec vous-même : vous avez Israël." Moi, quand j'entends "les Français", je suis indigné. La phrase incriminée doit être remise dans cette perspective. Si, pour ces jeunes des cités, la France n'est qu'une carte d'identité, eux aussi ont le droit de partir. Mais je sais que ce n'est pas une possibilité et je le dis dans l'entretien.<br /> <br /> Vous êtes enfant d'immigré. Ne pouvez-vous imaginer que dire "les Français" relève d'un rapport plus complexe que l'utilitarisme ? Du souci de préserver une identité sans remettre en question la volonté d'insertion ?<br /> Oui, mon père aussi, venu de Pologne, disait "les Français". Il en avait le droit. Mais j'ai toujours pensé que cette façon d'être n'était pas transmissible. Moi, je refuse cette posture. Or ces jeunes sont, comme moi, nés en France. Je leur demande la même cohérence.<br /> <br /> Que contestez-vous dans les propos qui vous ont été attribués ?<br /> Il y une chose que je ne reprends en aucune façon à mon compte, c'est l'idée que les Lumières apportaient la civilisation à des "sauvages". Ce mot ne fait pas partie de mon vocabulaire. L'intention des Lumières est équivoque. Cette équivoque doit nous garder de tout alignement du colonialisme sur une entreprise purement criminelle. Intégrer des hommes dans la catholicité des Lumières est autre chose qu'une volonté d'extermination. Cela peut avoir, ici ou là, des effets positifs. C'est tout ce que je voulais dire.<br /> <br /> Comme Occidental confronté à l'ère du vide, je n'ai aucun esprit de supériorité. Mais je suis inquiet devant la montée des nouvelles revendications de mémoires. On demande, quelquefois pour soigner les blessures identitaires, un nouvel enseignement de l'esclavage et de la colonisation. Pourquoi pas ? Sauf que cette demande se formule de plus en plus comme un "droit à la Shoah". Comme si, pour résoudre une terrible compétition des mémoires, il fallait "élargir" la Shoah. Dès lors, la colonisation ne devient plus qu'un crime contre l'humanité. Or elle fut "ambiguë", comme a écrit Claude Liauzu, et ne se ramène pas à ses seuls crimes.<br /> <br /> Prenons deux citations : "Qu'a fait ce pays aux Africains ? Que du bien", et "l'esclavage n'était pas une Shoah, pas un crime contre l'humanité". Ne vous situez-vous pas vous-même dans la "concurrence des victimes" ?<br /> Bien entendu, les traites négrières sont un crime contre l'humanité. Et oui, il y a une part criminelle dans la colonisation. Si je devais l'enseigner, je commencerais par Au coeur des ténèbres, de Joseph Conrad.<br /> <br /> Mais elle n'était pas que cela, et il devient chaque jour plus difficile de le dire. Quant à l'esclavage, on traite de négationniste quiconque ose rappeler que l'Occident n'en est pas seul responsable, qu'il y a eu des traites internes à l'Afrique et orientales. Si l'Occident a une spécificité, par-delà ses crimes, c'est l'abolitionnisme. Pour ce qui est des Africains auxquels la France n'a fait "que du bien", je parlais des immigrants récents et je les comparais à mon père, déporté par Vichy. Le modèle de la Shoah plane désormais sur toutes les horreurs collectives. Cette concurrence des victimes doit être combattue sans répit. On ne réconciliera pas les Noirs, les juifs et les Arabes sur le dos de la vérité. Parler comme les "Indigènes de la République" est détestable.<br /> <br /> La clé des émeutes dans les cités est, à vos yeux, qu'elles ont été le fait non pas de "jeunes" indéterminés, mais de Noirs et d'Arabes musulmans ?<br /> Face à ce grand saccage, la France est divisée en deux partis : celui de la compréhension et celui de l'indignation. Le parti de la compréhension est celui qu'on entend le plus. Certains vont jusqu'à célébrer la multitude insurgée. La plupart veulent décharger les émeutiers de leurs responsabilités en assignant leurs actes à un urbanisme effrayant, à l'isolement, au chômage, aux "provocations" du ministre de l'intérieur, au racisme endémique. Je pense qu'il n'y a pas de lien de cause à effet entre la misère sociale réelle des quartiers et l'incendie des écoles. Pourquoi cet acharnement contre les symboles républicains ? Nous devons admettre qu'un certain nombre de gens vivant en France détestent ce pays.<br /> <br /> Le nombre d'arrestations et la hausse de la popularité du ministre de l'intérieur ne vont pourtant pas dans le sens de la "compréhension" à l'égard des émeutiers ...<br /> Je ne ferai aucune concession au politiquement correct. Chaque jour, les "Guignols de l'info" font jouer à M. Sarkozy le rôle de l'ennemi absolu pour qui tous les Arabes sont des voleurs et les Noirs des racailles. Il clame le contraire, mais c'est ce que les jeunes des banlieues regardent.<br /> <br /> Les policiers, les éducateurs n'ont pas constaté de revendication religieuse. De même, on trouve des Français "de souche" parmi les jeunes condamnés. D'où tenez-vous qu'il s'agit d'une révolte "ethno-religieuse" ?<br /> D'accord, la religion n'a pas joué comme religion, mais comme référence identitaire. Mais votre question m'étonne. L'antiracisme contemporain est ubuesque. Il m'est reproché de parler de l'origine des émeutiers. Or ceux qui m'accusent sont les mêmes à prôner la lutte contre les discriminations raciales. Si nous n'avions eu affaire qu'à un problème purement social, il serait traité comme tel. Je ne nie nullement l'existence du racisme subi par ces jeunes.<br /> 1 | 2 | suivant<br /> Propos recueillis par Sylvain Cypel et Sylvie Kauffmann<br /> Article paru dans l'édition du 27.11.05<br /> http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3226,36-714528@51-714632,0.html
L
pour information :<br /> <br /> Société<br /> Finkielkraut : « Je présente des excuses »<br /> Le philosophe, contre lequel le Mrap a porté plainte pour incitation et provocation à la haine raciale suite à des propos publiés dans le quotidien israélien «Haaretz», s'est excusé vendredi • Il déclare avoir été «victime d'amalgames» •<br /> vendredi 25 novembre 2005 (Liberation.fr - 12:41)<br /> <br /> <br /> le philosophe Alain Finkielkraut contre lequel le Mrap a décidé de porter plainte pour incitation et provocation à la haine raciale après des propos publiés dans le quotidien israélien «Haaretz», a présenté ses «excuses» vendredi, déclarant avoir été «victime d'amalgames».<br /> «Je présente des excuses à ceux que ce personnage que je ne suis pas a blessé (...). La leçon, c'est qu'en effet je ne dois plus donner d'interview, notamment à des journaux dont je ne contrôle pas ou je ne peux pas contrôler le destin ou la traduction», a déclaré Alain Finkielkraut sur Europe 1.<br /> «Je n'ai en moi aucun mépris ou de haine à l'égard de quelque collectivité que ce soit. Je me sens solidaire par vocation des nouveaux immigrés en France et notamment des immigrés de la deuxième ou troisième génération», a-t-il ajouté.<br /> Le secrétaire général du Mrap, Mouloud Aounit, avait annoncé mercredi son intention de porter plainte contre le philosophe.<br /> Selon Mouloud Aounit, l'entretien publié le 18 novembre par «Haaretz» est «un texte d'une violence raciste inouïe, qui se fait le porte-voix des clichés du Front national et participe à mettre sur le terrain ethnique et religieux cette insurrection sociale de Français qu'il nomme noirs ou arabes».<br /> Dans cet entretien, Finkielkraut avait estimé que la crise des banlieues était «une révolte à caractère ethnico-religieux». «Un arabe qui incendie une école, c'est une révolte ; un blanc, c'est du fascisme», ajoutait-il. «Bien sûr qu'il y a une discrimination, et il y a certainement des Français racistes, des Français qui n'aiment pas les arabes et les noirs et ils les aimeront encore moins maintenant quand ils prendront conscience de la haine qu'ils leur vouent (...) L'idée généreuse de guerre contre le racisme se transforme petit à petit monstrueusement en une idéologie mensongère. L'antiracisme sera au 21e siècle ce qu'a été le communisme au 20e».<br /> <br /> http://www.liberation.fr/page.php?Article=340521<br />
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